Bienvenue sur le blog "Harfleur histoire et patrimoine" Parrainé par l'association des amis du musée d'Harfleur, ce blog vous fera découvrir l'histoire d'Harfleur ainsi que son riche patrimoine. Il sera également le relais de la vie de cette association.
L'armée Belge avait créé, au printemps 1915, une usine de pyrotechnie à Graville-Sainte-Honorine. Cette usine de production de munitions d'artillerie était située sur la rive nord du canal de Tancarville entre le pont VI et le Pont VII. C'était une suite de longs baraquements de bois, bas et trapus, alignés comme des soldats à la parade.
Sous les ordres de deux officiers d'artillerie, le chef d'escadron Stevens et le sous lieutenant Jacquemin*, une centaine d'ouvriers y travaillait au chargement d'obus qu'on venait d'y transporter et qu'on devait aussitôt après renvoyer aux magasins de réserve.
Que s'est-il passé alors ? On ne saura jamais.
Le 11 décembre, vers 9h 45, un fracas épouvantable secoua la région havraise jusqu'à Harfleur, jusqu'à Gonfreville-l'Orcher, plus loin encore. On eût dit que la terre convulsée frémissait, s'agitait et tout entière se soulevait. Dans le même moment on aperçut une colonne de fumée sombre monter vers le ciel, haute et légère d'abord, puis plus épaisse et plus noire, s'enrouler en larges et énormes volutes et s'étendre la haut, dans les airs, comme un immense voile de deuil sur la plaine désolée. Et des clameurs d'épouvante montaient aussi de cette plaine. Des hommes couraient à travers les champs, traversaient les routes, enjambaient les haies, escaladaient les murs. Ils allaient droit devant eux et ils hurlaient à tous les échos leurs plaintes, leurs souffrances et leur terreur. D'autres, n'en pouvant plus de douleur et d'effroi, étaient tombés contre un talus, s'étaient affalées au pied d'un mur ou couchés au fond d'un fossé et ils gémissaient, le visage noir et rouge, noir de poudre et rouge de sang. Ils montraient les plaies saignantes de leur corps, leurs mains déchirées, leurs jambes meurtries. Et ils pleuraient. Le sol trembla jusqu'à Rouen.
Vers 11h, une autre explosion se produisit qui projeta de tous côtés des débris de bois calciné, de fonte, de fer et d'acier tordu. Et ce fut tout. Plus de 300 tonnes d'explosif avaient volatilisé les 24 000 m² de bâtiments. On releva entre 100 et 135 morts et 1500 blessés.
Le désastre fut grand aux alentours. Et les vitraux de l'église d'Harfleur furent pour partie pulvérisés. La grande porte sauta de ses gonds et recula de plusieurs mètres
Texte "Le Petit Parisien" - J. Ch. G.
*Voir la biographie du sous lieutenant Jacquemin > ici